Depuis l’Antiquité, le cadre isole, découpe et protège l’œuvre. Cet atelier, animé par Odile Sallé de Chou enseigne le geste inventif pour trouver le cadre juste : celui qui donnera lumière et équilibre à l’œuvre. Tout en remontant aux sources du métier, les participants laissent libre cours à leur imagination.
Dans l’ancien village de Charonne, la rue Saint Blaise au charme provincial, sol pavé, maisons basses, est investie par une population jeune et défricheuse. Au n° 26, l’atelier d’encadrement et de cartonnage s’inscrit dans cette vitalité créative. Aux murs, des baguettes, des tableaux, des dessins. Sur les tables des règles, cutters, équerres, compas, poinçons, gabarits d’angle… dont l’usage - mesurer, compter, couper - est abordé dès les premiers jours. « Car l’encadrement est d’abord une technique avec un vocabulaire propre qu’il faut parfaitement maitriser pour communiquer » précise Odile Sallé de Chou. Une fois ces outils apprivoisés et les consignes de sécurité énumérées chacun s’attelle à un projet personnel d’encadrement : photos, peintures, miroirs et choisit un style et une technique. Comment ? En feuilletant un grand classeur avec des modèles puisés dans toutes sortes d’archives - il y en a plus de soixante - du biseau anglais à la boite américaine en passant par le lavis classique, chantourné ou à fond perdu. Après un temps de réflexion sur le rapport du cadre et de l’image, et un brief sur les matériaux innovants, on raconte son projet, on conçoit, on imagine.
Puis, on se met au travail. Anne, inscrite depuis deux ans, a choisi pour donner de la profondeur à une gravure la coupe droite, dite « biseau droit ». Son plaisir ? Jouer avec les couleurs et les matières. « J’ai découvert ici tout un univers : celui des papiers japonais. Leur originalité, leurs textures subtiles me fascinent et j’éprouve un véritable bonheur à les utiliser ». Pour Christian « l’atelier est une façon joyeuse de commencer la semaine ». Il jubile de s’être confronté au « faire soi-même », « Je ne suis ni très manuel, ni très précis mais en une seule séance j’ai appris à réaliser un cadre pour une toile peinte par ma femme ». Les points forts de cet atelier qui reviennent à l’unanimité : un travail en profondeur, une entraide mutuelle, et l ‘accompagnement de l’intervenante qui laisse chacun faire face aux difficultés et corrige au bon moment. Là, elle suggère le passe partout qui va mettre l’œuvre en valeur, ici elle indique comment obtenir un subtil gris bleuté, ou encore surveille la qualité des finitions. En encourageant toujours l’innovation et la création.
